Général de Brigade Aérienne Georges LAPICHE (1920-1978)

BIOGRAPHIE

 Général de Brigade Aérienne Georges Lapiche


Georges Lapiche est né le 6 novembre 1920 à Cheilly les Maranges en Saône et Loire. Elève au Prytanée Militaire de La Flèche en septembre 1932 dès la classe de 6ème, il obtient son bac en juin 1939 malgré le décès de son père le 20 mai de la même année. Il est admis à l’Ecole de l’Air le 9 octobre 1942. La promotion est partagée en 3 brigades de 23 poussins. Suite à l’opération Torch, les allemands envahissent la zone libre et la promotion est obligée de se plier aux ordres de l’occupant et de rentrer dans ses foyers. En décembre 42, Georges Lapiche est convoqué à Jeunesse et Montagne et regagne donc ses camarades à Saint Etienne en Devoluy début 43. Puis départ pour Sainte Livrade sur lot, sous la pression allemande. Le 8 juin 43, la promotion est baptisée « Commandant Tricaud » pilote de guerre qui avait donné l’exemple de la fidélité au devoir jusqu’au sacrifice suprême. C’est en juillet 43 que le gouvernement de la France Libre crée à Marrakech, une Ecole de l’Air de l’Aviation Française dont le stage de pilotage s’effectuerait aux Etats Unis. Début 44, arrivée à l’Ecole des Mines de Saint Etienne, pour 6 mois d’études intensives. Le 18 Octobre 44, Georges Lapiche rejoint le Maroc où il est nommé sous lieutenant . Il effectue son entrainement de pilote aux USA en 1945 sur la base d’Orange Bourg puis à Gunter Field en Alabama sur North American AT6 et P47. Il obtient son Brevet Militaire de Pilote d’Avion n°32.360 en date du 20 octobre 1945 après 240 heures de vol dont 118 en solo.


A son retour en France en janvier 1946, il est affecté à l’école de Chasse de Meknes . L’école étant surchargée, il est détaché au 3ème bureau d’Air Maroc. Il est nommé Lieutenant le 1er Octobre et épouse Lina Gander en l’église de Cheilly les Maranges le 10 octobre 1946. A Meknes, le stage comporte une instruction au sol et une instruction en vol. Georges Lapiche étant affecté à la Grande Reconnaissance, il n’effectuera que partiellement les exercices de tirs et de bombardement. Après 82 heures de vol, sur Curtiss P40, il obtient son brevet avec la note de 14/20. Le Commandant de l’école avait conclus : « bon pilote, calme sérieux et réfléchi. Excellent officier, quelque peu timide. Doit réussir dans la Grande Reconnaissance. »

Pourquoi avoir choisi la Reconnaissance ? Le rôle de la Reconnaissance est la recherche de renseignement, principalement en zone ennemie. Bravant les conditions météo et la défense adverse, l’avion de reconnaissance survole des objectifs qu’il survole « à vue » ou au moyen de caméras photographiques. Le pilote de reconnaissance est un pilote de chasse dont les armes ont été remplacées par des appareils photos. Il est parfois qualifié de pilote de chasse « intelligent » car, souvent seul, il doit approcher au plus près les objectifs en déjouant les aviations ou DCA adverses. Autre caractéristique, sa mission n’est réellement terminée que quand il ramène à sa base les précieux clichés qu’il analysera avec l’officier de reconnaissance, en vue de bombardement ultérieur. Sans nul doute, le gout pour la Reconnaissance a-t-il été apporté par l’extraordinaire aventure de l’écrivain-pilote Antoine de Saint Exupéry, passion qui le mènera dans une mission sans retour le 31 juillet 1944.


A sa sortie de l’école, Georges Lapiche effectue un stage à l’Ecole de Transformation Bimoteurs d’Avord du 15 juillet au 20 octobre 1947 puis il est affecté à l’escadron de Reconnaissance 2/33 de 1947 à 1950 à Fribourg en Brisgau en Allemagne, où depuis la fin de la guerre, la 33ème escadre de reconnaissance, équipée de Mustang P51, est chargée de mission de surveillance sur le territoire germanique. Le 14 juillet 49, il participe au défilé aérien sur Paris. Le 27 juillet, à l’atterrissage, il oublie les volets et détériore quelques peu l’appareil en bout de piste. Le 1er Aout, il obtient le brevet n°37 de Chef de Patrouille de Reconnaissance. Le Commandant De Laborderie, commandant le 2/33 le juge « bon pilote, apte à toutes missions de reconnaissance ». Devenu Chef de Patrouille, ses notes d’aptitudes aux services aériens sont excellentes et permettent de le classer dans les premiers de l’escadrille. Le 16 mai 1950, le 2/33 fait mouvement de Fribourg vers Cognac. En septembre, il participe avec un Mustang P51 aux manœuvres « Exercice Rainbow » avec les anglais et les américains à Wiesbaden. En avril 51, le Capitaine Labadie prend le commandement du 2/33, le Capitaine Lepeu, le commandement en second. Le 1er juillet 1951, le Lieutenant Lapiche est promu Capitaine. Il est désigné « Chef des Opérations » du GR 2/33 Savoie à compter du 1er mai 1952. Du 17 septembre au 15 octobre, il suit à Reims, un stage de transformation sur F84, avion à réaction appelé à remplacé le Mustang P51 à hélices. Il obtient les meilleures notes du stage pour le travail au sol mais une indisponibilité médicale l’empêchera de s’exprimer pleinement en vol. D’avril 1953 à aout 1954, George Lapiche sert en Indochine en qualité de Commandant en second puis Commandant de l’Escadre de Reconnaissance Outre Mer n°80. C’est au cours de cette période qu’il est « descendu » par la DCA au Tonkin après les opérations de Dien Bien Phu. L’escadron est équipé de F8F Bearcat de couleur bleu marine en raison de leur provenance, l’US Navy. En quittant l’indochine, l’Armée de l’air pouvait mesurer le prix de son engagement : 490 appareils détruits et 720 de ses équipages ne reviendraient jamais. Les hésitations politiques dans la conduite de la guerre jointes à la fluidité de l’ennemi et au manque d’adaptation du matériel n’ont pas permis d’apporter avec efficacité les coups qui auraient pu être décisifs pour emporter la victoire. A son retour d’Indochine en 1954, il est affecté à la 33ème escadre de Reconnaissance comme Chef des Opérations. En novembre 1955, il est promu au grade de commandant. Il prend le commandement en Second de l’Escadron 3/33 en 1956 puis le Commandement de l’escadron de Reconnaissance 1/33 de 1956 à 1957. Au cours de cette période, il conduit le « 1/33 » à Chypre pour la campagne d’Egypte en novembre 1956. En 1958, il est affecté à l’Etat Major du 1er CATAC, puis il présente le concours de l’Ecole de Guerre Aérienne où il est admis en octobre 1958. Breveté de l’Ecole Supérieure de Guerre Aérienne, il rejoint l’Afrique du Nord en 1959 où il prend le poste de Chef du 2ème bureau de la 5ème région Aérienne à Alger. En 1961, il est promu au grade de Lieutenant Colonel et dirige la Division des Vols à l’Ecole de Salon de Provence jusqu’en 1963.


Le Lieutenant Colonel Lapiche est ensuite affecté à l’Inspection Générale de L’armée de l’Air où il assuma les fonctions d’Inspecteur de Reconnaissance pendant de 2 ans. En septembre 1965, il prend le commandement de la BA 116 en remplacement du Colonel Jarry, un ami de très longue date. La BA 116, inaugurée officiellement en 1953, comprend plus de 2000 hommes et occupe une place privilégiée dans les plans de modernisation de l’Armée de l’Air. Elle possède des Escadrilles célèbres, comme le 1/33 Belfort pour la Reconnaissance avec des RF 84F, le 2/4 Lafayette ou le ¼ Dauphiné, de la 4ème Escadre de Chasse équipée de F84F puis de Mirages III en octobre 66, et l’Escadron de Bombardement 3/94 Arbois équipé de Mirages IV.


Le 6 octobre 1967, le Colonel Lapiche est muté sur la BA 128 de Metz Frescaty mais pour 1 mois seulement, étant attendu début novembre au secteur Tactique de Drachenbron dans le Bas Rhin, pour combler un poste laissé vacant. . La base 901 est construite dans les locaux souterrains de l'ancien ouvrage de la Ligne Maginot du Hochwald et supporte le Centre de Détection et de Contrôle dont la mission est d'assurer la surveillance aérienne dans l'est de la France. Donc rien à voir avec une base aérienne. Le Colonel Lapiche devait rester sur ce poste un peu « ingrat » pendant 1 an, mais à son grand regret et au désespoir de sa femme, il y restera 2 ans. Son sens du devoir, un esprit de discipline et de dévouement particulièrement remarqués par sa hiérarchie auraient du être récompensés.


Le 12 septembre 1969, le Colonel Lapiche rejoint la région parisienne sur la base aérienne 107 de Villacoublay comme Chef d’Etat Major du Commandement des Ecoles de l’Armée de l’Air. Il espère bien obtenir les « étoiles » qui lui permettront de poursuivre sa brillante carrière. A ce poste, il dirige, pour près de 15000 personnes, navigants ou mécaniciens, les activités de sélection, recrutement, formation, organisation des écoles. De 1968 à 1970, il sera membre du jury du concours d'entrée à l'Ecole Supérieure de Guerre Aérienne. Malgré les éloges de son supérieur, le Général Claude Grigaut, le Colonel Lapiche sera happé par la limite d’âge du grade de Colonel à 51 ans, et sera placé en Congé Définitif du Personnel Navigant le 6 novembre 1971 et nommé à la même date au grade de Général de Brigade Aérienne. Il sera versé définitivement dans la 2ème section du Cadre des Officiers Généraux de l’Armée de l’Air, le 6 novembre 1976.


Comme il n'est pas question pour lui de rester inactif, Georges Lapiche trouve un poste à la RATP, en 1972, pour mener à bien des projets d’extensions du réseau parisien. Il participe activement au prolongement de la ligne 13. Il a retrouvé à la RATP de nombreux camarades de l'Armée de l'Air avec qui il s’entend bien. En parallèle, il reste très proche de ceux qui ont la chance de poursuivre leur carrière militaire, et pour certains, jusqu’au sommet de la hiérarchie militaire. En 1976, il marie sa fille Patricia au Cercle Militaire du Château de Versailles puis son fils Jacques au Cercle Militaire Saint Augustin. A chaque fois, la présence nombreuse de ses camarades, montre a quel point il était apprécié. Fin 1977, les ennuis de santé commencent, un premier infarctus passe inaperçu mais laisse des dégâts irréversibles, surtout pour un grand fumeur comme lui. Début 78, toute marche devient un effort difficilement surmontable et les médicaments n’apaisent que faiblement la douleur. Mais il souffre en silence et continue de travailler comme si rien n’était. Le 8 mars 1978, à son domicile de Meudon, vers 22h30, il s’en est allé brutalement, laissant derrière lui sa femme et ses enfants, éternellement peinés. Georges Lapiche est enterré à Cheilly les Maranges, son village natal où l’a rejoint sa femme Lina le 10 avril 1994.